dimanche 26 avril 2009

Du libre et de l'artif pour 2 fous de montagne.

Mardi 21, Ben et moi, partons prendre la benne de l'Aiguille du midi, chargés de nos 50kg de matériel (1 portaledge, 20 pitons, 30 friends, 100m de cordes, 4 jours de vivres, ...). Nos sacs démesurément gros impressionnent les quelques skieurs partant pour la "Vallée Blanche". Et oui, nous prévoyons 4 jours pour réaliser la voie "Ballade au clair de lune", ED+, 350m, 6c, A4, ça rigole pas. Cela se situe dans la face sud de l'Aiguille du Fou (3501m), au coeur des Aiguilles de Chamonix, le pied. Cette première journée est très pénible, car les sacs lourds rendent l'approche usante. on commence par descendre la "Vallée Blanche classique" et arriver au refuge du Requin.
De là il faut remonter 600m de glacier pour arriver au pied du couloir, sous la face.
Sous un soleil de plomb nous affichons une moyenne de 200m/h à la montée.
Nous décidons de franchir le couloir le lendemain, quand la neige sera plus dure, car là, ça craint ! Arrivés un peu tôt (13h30), nous nous installons tranquillement et nous nous payons même le luxe d'une séance de bronzage en calbute dans la neige et une petite sieste sur portaledge, comme à la maison. le soir il neigeotte un peu mais rien de bien méchant. On se couche assez tôt car demain il va falloir remonter les 350m du couloir avec nos 50kg, ça va être rude. Mercredi 22, après 2h30 de bartasse pour atteindre le pied de la face, nous commençons à grimper, enfin. Le rocher est superbe et la face est très raide. Nous sommes prêts à en découdre. Aucune longueur n'est facile, elles ont toutes leurs particularités. L'ensemble de la voie n'est qu'une succession de passages en libre et/ou artif, où il faut louvoyer, engager, bidouiller, s'appliquer. Aujourd'hui Ben va grimper les longueurs en libre (L1 : 5+, L3 : 6b+, L5 : 5+ et L7 : 5+/A1) et moi celles en artif (L2 : 6b/A2, L4 : 6a/A2+ et L6 : A4).
La première longueur est assez facile, mais la neige et la glace la rende délicate.
La 2ème commence par 10m de libre très engagé, pour atteindre un couplage de pitons assez foireux. La 3ème ne fait pas rire. Après avoir protégé le relais avec un bon couplage, une grande dalle compacte de 15 en 6b+ cueille Ben qui n'est pas un grand spécialiste des dalles. Un copper head pour seul protection, ça ne fait pas lourd. il s'enlèvera d'ailleurs tout seul avec la tension de la corde lors de mon passage en second (oula !).
Dans la 4ème longueur, la moitié de la longueur se fait en libre, puis plusieurs fissures bouchées me barrent le passage pour rejoindre le relais. Un peu trop en confiance, je ne fait pas attention et arrache un piton !! 10 mètres plus bas, je croyais que j'avais tout arraché, mais non.
En fait, Ben dormais un peu et le grigri n'a pas bloqué !! S'en suivent 2h00 de bidouille, un peu psycho pour arriver au relais, ouf !
La suite va mieux dérouler malgré des cotations annoncées plus dures.
L5 en 5+, pas de souci. Et L6, annoncée en A4 s'avale comme une bouchée de pain, ils ont craqué les anciens, tant mieux car nous avions pris du retard.Et pendant que Ben gravis la dernière longueur de la journée, j'installe le lit pour la nuit, à quelques 200m du sol, dément !Jeudi 23, on s'est dit que l'on allait petit déjeuner au soleil, mais il ne sortira pas de la journée, il fera même très froid. On nous avait dit :"Surtout n'oubliez pas la crème solaire et les lunettes!" mais en fait c'est surtout le bonnet et la doudoune qu'il ne fallait pas oublier.
Le mauvais temps nous fait sortir du duvet un peu tard et la mise en route est difficile. Surtout que l'on commence par une longueur un peu engagée sur les 10 premiers mètres. Ben se frise ensuite dans un beau dièdre en 6b. Dans la 9ème longueur, un petit pendule nous amène sous un beau dièdre en 6a /A1. Nous avalons les longueurs une par une pour enfin arriver à L12, 6c, 50m en fissure, qui s'élargie de plus en plus. Ben ne fera que 10m en libre avant de craquer, il fait trop froid et il n'a pas assez bu. Du coup il se fatigue très vite et la fissure l'impressionne un peu quand même. S'en suit une dernière grande longueur en neige et mixte, sans crampons ni piolets, pour atteindre le sommet du Fou à 18h00. Il ne fait pas beau et il y a un peu de vent.
Nous ne nous éternisons pas au sommet et enquillons la descente en rappel. cela ne va pas trop durer, car nous coinçons la corde dès le premier rappel. Je me dévoue pour la récupérer 20m plus haut. Là c'est sûr, nous allons redescendre de nuit. La suite va bien se passer jusqu'au pied du couloir où nous décidons de rebivouaquer tranquillement, il est 22h30.
Nous fêtons la coche avec une bonne bouteille de bière Alphand puis sombrons dans un profond sommeil.
vendredi 24, la redescente à ski se fait tranquillement jusqu'au petit train du Montenvers qui nous ramènera sur Chamonix vers 11h30.

Vient ensuite le temps des retrouvailles avec les potes, autour d'une bonne bières.

lundi 20 avril 2009

En partance pour une "Ballade au clair de lune"

Ça y est les sacs sont prêts, la logistique est bien affinée, il ne manque plus qu'à y aller.
"Ballade au clair de lune" est une des voies dures de la face sud du Fou (3501m) ouverte par Jean-Marc Boivin en 1983.

Au programme du libre et de l'artif dans l'une des faces les plus raides et lisses du Massif du Mont-Blanc.
Pour les initiés ça côte ED+, 350m, 6b+ et A4.
Nous partons pour 3 jours avec le portaledge en guise de maison.

Et cela avec mon fidèle compagnon de cordée Ben Guigonnet.
On a hâte d'y être demain.
A plus pour la prochaine news avec des photos.

jeudi 16 avril 2009

La Jackson dans la face nord des Droites (4000m)

Et oui, toujours pas de boulot au tour de rôle de la compagnie. Du coups, je regarde Ben et nous nous comprenons de suite.
On va aller en montagne. Mais quoi faire, car la météo n'est pas au beau fixe.
Nous décidons de faire une voie rapide. On discute un peu autour de nous et on dit que la face nord des Droites est pas mal.
On va essayer la "Jackson", 1000m, 5+, c'est dans nos cordes.
Pour aller plus vite et être sûr de rentrer à Cham le soir, on prends les skis dans la voie.
On est light et efficace.
On arrive en haut des Grands Montets, il est 9h00, à 9h45 on passe la rimaye. On avance vite, la voie est superbe, mais dans le passage dur, je couine un peu car l'épaisseur de la glace est pas au rendez-vous (8-10cm max).
9a passe et finalement nous arrivons à la sortie à 15h15, après avoir grimper sous les spindrift. Décidément cela devient une habitude de grimper avec toute cette neige qui s'immisce de partout. On redescend en rappel dans la face sud des Droites. On chausse les skis et nous arrivons une demi heure trop tard pour le dernier train qui redescend à Chamonix.
Nous redescendrons donc à pied, chaud mais pas fatigués.
La soirée ne fait que commencer ...

dimanche 12 avril 2009

Ouverture grande class à la Grande Rocheuse

Après avoir gravi Lundi 6 "Late to say i'm sorry", nous avons repéré (Ben guigonnet, Jérémi Rumebe et Sylvain Audibert) une ligne plus à droite qui se prête à une nouvelle voie.
Nous nous y rendons le jeudi pour voir de plus près ce que ça donne.

De loin ça à l'air d'être assez dur, du coup nous ne prenons pas de risque et prévoyons 2 jours pour la parcourir. De plus la météo n'est pas terrible.
Nous y monterons à 4, car pour rien au monde l'un de nous ne veut laisser sa place.



Le premier jour nous remontons pour la deuxième fois le couloir Couturier qui mène à l'Aiguille Verte (4122m) et ouvrons 3 longueurs de 50m en 5 heures. On redescend en les fixant à l'aide de 3 brins de rappel. Ensuite nous dormons tous les trois sur des vires creusées à même la pente.
La nuit sera affreuse pour tous, car des spindrifts (fine coulée de neige) coulerons toute la nuit, remplissant de ce fait les terrasses.
Au matin c'est grise mine pour tout le monde.
Nous remontons les cordes fixées la veille, avec une météo très défavorable (vent et neige) et ouvrons les 3 dernières longueurs pour arriver à l'arête débonnaire.
Toutes les longueurs sont class et rien n'est facile, au total 6 longueurs collector pour 300m de bonheur à ne pas sous estimer.

Nous avons baptisé cette nouvelle voie "Ouh yeah !" et pour la difficulté 5+ en glace, M6 en mixte à protéger soi même bien sûr et 3 mètres d'artif en A1.
La descente se fera en rappel dans la voie et le couloir Couturier pour arriver vers
22h à Chamonix, un peu défaits je vous l'avoue.
Le topo pour bientôt ...

samedi 11 avril 2009

Remise en forme à Chamonix city

Me voilà installé à Cham pour le mois d'avril. Ceci étant pour travailler. Mais je m'aperçois vite que le boulot n'est pas au rendez vous ; ni la météo d'ailleurs, c'est souvent lié.

Il faut s'occuper car on tourne en rond assez vite en ville. Du coup avec Sylvain, mon colloc on embraie le pas à Djé (un pote aspi de Barcelonnette), Ben Guigonnet (mon pote de chambrée à l'ENSA) et Patrick Pessi (ex jeune prof de l'ENSA). Ils partaient pour répéter la voie "Late to say im sorry" en face nord de la Grande Rocheuse (4102m). C'est une voie qui est assez dure lors de son ouverture (1000m, 5c, A2), mais les conditions sont tellement bonnes que tout se fait quasiment en glace (4+ en glace et un passage en mixte coté M4+).

Nous y allons donc, Lundi 6 à la première benne des Grands Montets à 8h30.

La course commence en descendant sur le glacier d'Argentière. Il faut longer alors, les faces Nord de la Petite Aiguille Verte (3512m) puis remonter le couloir Couturier sous le sommet de l'Aiguille Verte (4122m). A mi-couloir on bifurque, dans grand bastion rocheux, sur la gauche ; c'est la face Nord de la Grande Rocheuse. A partir de là, c'est une goulotte très raide qui se gravi assez vite. Cette voie est très esthétique avec des lignes de glace perdues au milieu de drièdres lisses. En haut de la goulotte, nous atteignons un couloir en neige qui mène au sommet facilement. Nous sommes dans le brouillard et trouvons la voie de descente qui nous amènera au bivouac-refuge du Couvercle (2687m), ce sera le couloir Whymper. Nous arrivons au refuge vers 21h30; il est déjà plein.

S'en suit une nuit pas très agréable, perturbée par des "alpinistes" bruyants et peu respectueux. Le retour à Chamonix se fait le lendemain par la descente sur la mer de glace, puis le petit train du Montenvers.