vendredi 19 juillet 2013

Les arêtes du Diables au Tacul (4248 m) avec Florian.

Les arêtes du Diable vue depuis l'arête Küfner
Florian est mon premier client, celui que j'ai connu lorsque j'étais aspirant guide, du coup ça fait un moment que l'on ce connaît.
On en a fait des courses, j'ai même réussi à le convaincre de faire une voie d'artif sur deux jours avec nuit sur portaledge.
Et depuis que l'on parcours la montagne je l'ai vu progresser de son côté et faire ses premières courses en amateur.
Florian Laifa
D'ailleurs c'est comme cela que je le retrouve. Il sortait d'une voie sur l'éperon des Cosmiques, avec son collègue Michel et nous avions rendez-vous à l'Aiguille du midi.
On trie le matos, profitant du retour dans la vallée de Michel, car le projet initial était l'ascension du Grand Capuçin par la voie des Suisses. Mais 3 jours de granit ont eu raison de ses doigts, à présent bien endoloris. Nous décidons de faire la traversée des aiguilles du Diable, bien que moins technique en grimpe pure, cette course est extrêmement variée et surtout bien plus engagée. Cette course propose l'ascension de six sommets de plus de 4000 mètres et ils sont considérés comme les plus dures de ses congénères en considérant leur ascension par la voie normale.
Direction le refuge des Cosmiques pour un bon repas et à nouveau une courte nuit.

Mauvaise nouvelle pour Florian, je lui annonce que l'on se lève à 1h00 du matin. Et oui c'est ça de faire de grandes courses. Une fois le repas avalé, direction le dortoir, moi je tombe comme une mouche, ça fait 18 jours d'affilée que je travaille en montagne, lui aura un peu plus de mal.

Réveil, petit dèj et hop nous voilà chaussés et cramponnés. Nous avons un bon regel et nous marchons d'un bon pas vers la combe maudite. Il fait toujours nuit et nous attaquons la remontée vers le col du Diable. 5h45, le soleil se lève timidement et nous attaquons la traversée
Nous somme entre la corne du Diable (4064 m) et la pointe Chaubert (4074 m). Une cordée partie du refuge Torino nous suit de près.
J'opte pour faire la Corne du Diable qui est facultative mais tellement accessible.
La corne du Diable

On descend en rappel et la cordée derrière nous, nous passe juste devant pour attaquer la pointe Chaubert. Nous attendons car cette fissure en 5a en pleine dalle pose quelques problèmes à la cordée devant nous. Nous enchaînons derrière sans trop de problèmes et après deux longueurs signons notre deuxième pointe.
Florian s'affaire pour enchaîner ce 5a à l'ancienne
Et voilà nous redescendons en deux rappels et faisons un peu les funanbulistes sur une courte arête.
Voici la plus belle des pointes, la pointe Médiane (4097 m). Ce sera la plus haute de la série pour nous. 3 courtes longueurs de 25 mètres environ. Un dièdre très photogénique permet de prendre de la hauteur avant de traverser vers le fil d'une arête vertigineuse.
Sympa l'ambiance !
Ici je n'aimerais pas avoir à redescendre en rappel, c'est ça qui fait que cette course est engagée.

On poursuit par un rappel dont l'accès est un poil acrobatique, c'est indescriptible pour ceux qui ne l'on jamais fait.
Et nous voilà directement au pied de la pointe Carmen (4109 m). C'est normalement ici où il reste de la neige et souvent du verglas. Mais aujourd'hui c'est bien sec malgré la présence d'un peu de neige.
Florian sur la brèche Carmen
Une fois au sommet de cette quatrième pointe, nous décidons de remettre les crampons et de sortir les piolets car une fois les deux rappels descendus, le terrain est plus mixte du fait de la neige. Nous descendons les deux rappels et un petit désagrément va m'énerver.
A force d'être focalisé sur mon client j'en ai oublié mon piolet, soigneusement mis en place dans une fissure au sommet du premier rappel. Heureusement le guide de la cordé devant nous en avait deux, merci Manu! Il y avait bien une cordée derrière nous mais, on avait bien deux heures d'avance sur eux, hors de question d'attendre ni de monter, du fait de la pression de la dernière benne de l'aiguille du midi et de mon retour auprès de ma douce dans le Briançonnais. Nous poursuivons notre ascension et filons jusqu'au sommet du Tacul en passant au pied de l'Isolée (4114 m). Nous ne la ferons pas bien que très intéressante, mais la fatigue attaque déjà notre cordée.

Sommet vers 13h30, Florian ne s'attendait pas à autant de variété dans la difficulté, mais la joie une fois l'ascension réussie explose et les souvenirs se gravent. Le beau temps rendant la chose encore plus belle.
Summit pour Flo = )
Retour express à l'Aiguille du Midi et binouze à Cham vers 16h00.

J'aime la montagne

mardi 16 juillet 2013

L'arête Küfner au Mont Maudit (4465 m) avec Michel.

Quel joie de pratiquer le métier de guide de haute montagne toute l'année. Et quel joie d'emmener ses clients sur de belles courses comme celle ci.
Le beau temps était avec nous et les conditions aussi, cette course fut que du bonheur.
Mon client Michel ça fait trois ans que l'on se connait, nous avons fait de belle courses chaque année (Traversée charmoz-Grépon, la lépinay au Trident du Tacul et la traversée de la Meije). J'ai de la chance avec lui car il a beaucoup d'exigences quand au choix des courses. C'est simple il lui faut les plus belles dans un niveau "Difficile". Le choix est large et seules les conditions nous font choisir.
Nous avions projeté de faire le couloir Couturier à l'Aiguille Verte, mais les conditions n'étaient pas toutes réunies pour offrir une ascension "confort". J'ai préféré lui choisir cette belle envolée.

Comme le refuge Torino était plus que complet, nous sommes allés dormir au refuge des Cosmiques.
Ce n'est pas plus mal car on y mange et on y dort beaucoup mieux que son voisin d'en face.

La nuit fut courte et le regel assez bon ce qui nous permis de rejoindre le couloir sous le col de la Fourche en 1h30. Pour moi, cette course part d'ici, hors de question d'aller prendre le raccourci de l'attaque directe.
Un quart d'heure plus tard nous sommes sur l'arête et la traversée peut commencer.
 Il y a du monde ce jour là, une dizaine de cordées. Ceux partis du bivouac de la Fourche sont devant et ceux partis de Torino ou des Cosmiques ont choisi de shunter par le couloir de l'attaque directe. Nous nous retrouvons donc seul dans la nuit.
Très vite nous arrivons là ou l'arête se redresse nettement et rejoignons les cordées ayant pris le couloir direct. Chose étonnante, tout le monde à sorti le matos de goulotte, c'est-à-dire, paire de piolets de cascade techniques, leash et gros jeu de friends!!! Mais pourquoi ? Cette course ouverte en 1887, nécessite-t-elle autant de matériel ? Je ne comprends pas, Michel et moi, nous avons un bon piolet droit classique et 5 friends et je vous assure que nous étions bien mieux pour progresser en enfonçant le manche dans la neige que la plupart des autres cordées qui frappaient la neige à tout va pour trouver un ancrage fiable.

Nous arrivons à une belle arête cornichée en forme de demi lune, au pied du gendarme de l'Androsace. Tout le monde s’affaire dans la traversée versant Brenva, ça bouchonne et nous, nous tirons tout droit pour gravir cette belle tour qui n'a pas l'air simple au premier regard. En fait il s'agit de pas en 4c qui sont tout à fait dans les cordes de Michel.
 Nous nous retrouvons à nouveau seuls.
Quel beau pilier, nous prenons de la hauteur et arrives au sommet nous avons la vue sur le reste de l'arête à parcourir.
Je change l'anneau de rappel et enchaîne sur un bon rappel de 25 mètres qui non sans mal me refait prendre pieds sur une arête cornichée. En effet une courte escalade en traversée sous la corniche de neige fut le crux de cette course.
Nous poursuivons l'ascension jusqu'à l'épaule ouest du Tacul en laissant derrière nous l'Androsace. La suite plus facile nous mène au sommet vers 9h00.
Michel mal acclimaté va vite retrouver sa pêche un peu plus bas dans la descente et surtout beaucoup plus au bar à Chamonix devant une bonne bière.